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Critique La Jauria, Andrés Ramírez Pulid – Semaine de la critique

26 Mai 2022

Andrés est un réalisateur et producteur colombien. En 2016, El Edén est présenté à la Berlinale et reçoit notamment le prix du meilleur court-métrage à Busan, au Caire et à Viña del Mar. En 2017, Damiana est sélectionné en compétition officielle à Cannes, ainsi qu’à Toronto, Oberhausen, Zinebi… La Jauría est son premier long métrage, soutenu par le CNC (Aide aux cinémas du monde), la Fondation GAN, le FDC Proimagenes et le Hubert Bals Fund.

Un scène d’ouverture qui n’est pas sans rappeler La Vierge des Tueurs, film de Barbet Schroeder, par son univers pictural et l’ambiance “cartel de Medellin” dans lesquels évolue le film. On suit deux ados à moto dans un long plan séquence de nuit. Le film bascule sur une image de jungle

au grand-angle que le réalisateur Andrés Ramírez Pulido ne quittera plus, tant il veut nous faire profiter de l’univers végétal et néanmoins carcéral où les deux ados vont purger leur détention. Une façon aussi de nous maintenir à distance du danger que représentent ces garçons “menteurs, drogués, violent et assassins “. Ils évoluent donc en fond de cadre dans une jungle aux verts saturés ainsi que les rouges et bleus criards des murs de cette étrange maison coloniale qui leur sert de lieu de rétention. La colorimétrie du film est traitée avec un très fort contraste des couleurs chaudes et froides qui accentuent la force des passages en plans serrés sur les corps des détenus ainsi que pour les plans dialogués. C’est avec ce dispositif filmique vraiment réussi qui se noue une tension poisseuse tout le long du film et qui nous permettra de remonter le fil de l’histoire et les raisons qui ont conduits ces garçons dans un enfer tropicale. Le traitement sonore joue totalement sa partition immersive dans ce lien digne de “Aguire” où le moindre cri strident d’oiseau ajoute au désespoir de ces séances de thérapies plus ou moins improvisées par une sorte de gourou-maton zélé. Le film de Andrés Ramírez Pulido échappe, grâce à sa maîtrise d’un vocabulaire technique servant efficacement la narration, aux films de “cartel” et nous amènent sans nous lâcher en chemin, dans la réalité de ces mineurs qui tentent de survivre dans un univers impitoyable. Premier long métrage et très belle découverte.

Gilles Gueillet

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